Sandra Long
Artiste peintre
L'art c'est la liberté d'expérimenter et de jouer.
La ligne
La ligne est un élément dynamique qui structure la composition du tableau comme une portée musicale.
Elle est expressive et selon son tracé suggère la force, la fragilité, l’énergie, le mouvement, le rythme, les sentiments….
La ligne est intimement liée au geste.
Dans mon travail, je recherche un geste délié pour une forme globale fluide, mouvante, épurée.
L’ambition est d’aller vers un tracé d’un seul jet procurant une sensation de spontanéité et un résultat graphique.
La ligne sert de passage entre une représentation figurative et une forme plus globale, géométrique qui se dirige vers l’abstraction.
La ligne délimite des formes ou en suggère par son absence.
La tâche
Des "incidents maîtrisés"
Une tâche c’est l’application intentionnelle d’un produit qui est projeté, coulé, versé, étalé… en un motif informel. Parfois la tâche est issue d’erreurs d’exécution.
Traditionnellement, elle est associée à l’idée de « sale », de ratage et opposés à la rigueur de l’art où l’on se doit d’être dans une réalisation précise et parfaite.
La tâches par ses formes informelles provoque l’imaginaire créatif et représente un intérêt plastique dans son aspect organique, expressif et naturel.
Un certain lâcher – prise est induit par la tâche qui bien que parfois guidée a un aspect aléatoire qui oblige à faire avec, à accepter l’inattendu.
Sans être une finalité, la tâche est un point de départ à la recherche qui génère des associations visuelles imprévues et nous pousse à vouloir maîtriser l’indomptable.
Cette part incontrôlable procure à l’œuvre ce plus indéfinissable qui échappe justement à une proposition visuelle qui serait pure application.
Comment composer avec le hasard de ces éléments «indésirables» pour les intégrer dans un ensemble esthétique et valorisant?
La suggestion
Montrer ce qui n’est pas représenté
La suggestion laisse place à l’imagination puisque ce sont des espaces non complètement définis, que l’observateur peut investir de son interprétation. Il y a une certaine liberté.
Ma recherche est de tenter de définir les traits suffisants, les parties essentielles qui font comprendre la totalité du sujet bien que tout ne soit pas apparent.
Les parties détaillées peuvent insuffler un mouvement, un sujet qui va au-delà de ce qui est représenté.
« Un dialogue entre le donné-à-voir et le non-dit »
Le gribouillage
Une spontanéité créative
Tels les gribouillages que nous faisons sur un coin de page lors d’une conversation au téléphone ou pendant un cours, une réunion… Sans réfléchir, spontanément notre esprit divague et les lignes, les traits s’emmêlent, se noircissent, prennent formes.
Ces traits vagabonds réalisés pour se détendre, se recentrer ont-ils un potentiel graphique ?
Comment d’un élément au départ aléatoire peut surgir un élément figuratif ?
Le gribouillage est un dessin libre qui laisse la place à un geste émancipé de toutes règles académiques, simple, spontané avec une forme d’innocence archaïque, pleine de fraîcheur et de dynamisme.
Gribouiller c’est accepter une perte de contrôle, un certain lâcher-prise maîtrisé.
Le poète Henri Michaux écrivait « sous les traits du hasard, le gribouillis est sûr de lui ». C’est un « trait hors des chemins, sûr de son chemin, et qu’avec nul autre on ne saurait confondre. Trait comme une gifle qui coupe court aux explications ».
« Un trait hors des chemins, sûr de son chemin »
Le croquis
Les traces d’un cheminement
Une pratique utilisée traditionnellement pour la recherche, l’expérimentation au préalable de l’œuvre.
Le croquis se détache des détails de la figuration classique pour s’intéresser à la forme globale vers un rendu plus visuel. Il s’agit d’aller à l’essentiel pour saisir une idée, les grandes lignes, un mouvement.
Il manifeste une énergie puisqu’il est réalisé sur le vif avec des traits rapides, amples, marqués s’affranchissant des détails et finitions. Il est porteur d’un lâcher-prise, de vitalité et d’expressivité.
Le croquis est le témoignage de la recherche, du cheminement artistique qui ne se voient pas forcément dans le résultat final de l’œuvre.